Maitre ou Shifu 师傅, quelle est la différence entre ces deux appellations si controversées dans nos contrées au point que lorsque j’ai rencontré mon Shifu en Malaisie Dr Yang Kim Voon de la lignée directe de l’école de Yang Gong Feng Shui en Chine 扬 公 风水,, je lui ai demandé comment je devais l’appeler. Il m’a répondu que l’élève devait appeler son enseignant Shifu, maitre ayant une signification plus familière qui pouvait être utilisée pour parler d’égal à égal ou quand il se tissait des liens plus profonds avec son enseignant. Bref appeler Shifu est une marque de respect vis à vis de son enseignant.
Tout élève qui apprend d’un Shifu reconnu d’une lignée sera un maitre et cela quelque soit son niveau de compétence. Ainsi dans nos contrées le titre de maitre est mal perçu et un enseignant qui se fait appeler maitre par ses élèves est incorrect.
Tout Shifu transmet son savoir à ses élèves, enseignement oral qui permet de décrypter les Classiques du Feng Shui laissé par les anciens maitres de la lignée. Quand nous prenons le cas de Yang Yun Song qui créa le Yang Gong Feng Shui à partir des classiques de Guo Pu le Zhang Shu et le Yu Han Jing. Il a écrit 3 classiques principaux:
- Qing Nang Ao Yu 青囊奧語
- Tian Yu Jing 天玉經
- Yu Che Jing 玉尺经
Le Grand Maitre Yang Yun Song était un érudit qui est entré à la cour royale, où il a appris le feng shui des meilleurs maitres de l’époque. Une époque où les maitres étaient consignés et ne devaient travailler que pour leur empereur. Il réussit à s’enfuir de la cour royale avec quelques classiques et a développé ce Yang Gong Feng Shui, qui a été ensuite reconnu par les empereurs de Chine, qui ont fait appel aux maitres de la ville de San Liao, pour construire entre autres pour ne citer que les plus connus, la cité interdite de la ville de Pékin ou Beijng et les tombes des empereurs de la dynastie Ming. Ce feng shui est reconnu encore de nos jours en Chine, Malaisie, Taiwan, comme étant la référence incontournable du feng shui authentique. Ces trois classiques sont traduits en langue anglaise et il est possible de se les procurer,
Faire évoluer le Feng Shui comme cet homme érudit l’a fait, n’est pas à la portée de tout le monde, tous les pianistes ne sont pas des Beethoven ! C’est la raison pour laquelle il est nécessaire de passer par cet apprentissage par un shifu reconnu d’une lignée officielle. Apprendre par les livres est possible, des « maitres » le font et enseignent ce qu’ils pensent avoir compris du feng shui. Apprendre d’un maitre c’est se faire confier une boite à outils et apprendre avec lui l’utilisation de chacun de ces outils, juste pour comprendre que le tournevis est bien plus adapté qu’un marteau pour enfoncer une vis. Cette constatation, vous l’auriez peut-être faite de vous-même, mais en combien de temps, des années peut-être?
Yang Yun Song demandait à ses élèves pour une affaire de karma:
- de ne pas enseigner à ceux qui en étaient indignes
- de ne pas faire le feng shui aux mauvaises personnes
J’ai vu au sein de cette école en 2016, un cas de non acceptation d’un maitre de feng shui traditionnel européen en tant qu’élève pour son éthique et égo démesuré qui ne répondait pas aux critères des maitres en yang gong feng shui.
Apprendre d’un shifu reconnu est l’assurance de ne pas perdre du temps en erreurs, erreurs faites par d’autres maitres avant vous et qui vous disent comment faire pour aller droit au but. C’est la raison pour laquelle Grand Master Yap Cheng Hai disait à ses élèves: « apprenez de moi et si vous constatez que ça ne marche pas, revenez m’en faire part et j’apprendrais de vous ». L’expérimentation, la vérification par l’exercice sur le terrain est le seul juge de paix en ce domaine ou ces lignées de maitres ont consigné et enseigné leur expérience. Les maitres de la lignée du Yang Gong Feng Shui de la ville Ghanzou fait signer à ses élèves un accord qui demande:
- de ne pas enseigner cet apprentissage,
- de communiquer les développements autour de cet apprentissage à son shifu.
- de payer annuellement une somme à son shifu
J’ai appris en Malaisie et en Chine de mon shifu, avec des règles assouplies, qui ne demande que de ne pas enseigner et divulguer les « secrets » de cette école. Le non respect des droits d’enseigner va en ces contrées jusque devant la cour de justice et un blacklistage dans le monde très fermé du feng shui.
Dans tout domaine il existe des applicateurs de méthodes et ceux qui cherchent à aller plus loin, qui veulent exploiter un peu plus cette « boite à outils » confiée par le shifu. C’est là que la dérive personnelle peut commencer, c’est la raison pour laquelle il faut rester connecté avec son shifu qui lui vous remettra dans les clous en cas de manquement aux règles de base, le fil conducteur. C’est certainement la raison pour laquelle cette option fait partie du contrat avec le shifu en Chine.
C’est ainsi que tout étudiant issu d’une lignée sera un maitre, certains maitres seront plus curieux que d’autres et seront peut-être plus pointus dans leur domaine, mais devenir shifu ne se fera que si votre shifu le décide, car dans la tradition ce sont les fils qui ont ce rôle.
A ce titre nous pouvons en conclure que tout enseignant n’étant pas shifu officiel d’une lignée ne peut donner le titre de maitre à ses élèves.
En San He ou San Yuan, les lignées se sont perdues au fil des âges, cet enseignement avait été donné au peuple et donc libre de droits. Les meilleurs maitres ont créé leur académie de feng shui, Grand master Yap Cheng Hai en faisait partie en Malaisie et nommait certains de ses élèves et enseignants, maitres, qui peuvent enseigner à leur guise car il n’y a aucune protection et restriction sur l’enseignement de ces cours de San He et de San Yuan du feng shui dit traditionnel. C’est la raison pour laquelle la plus haute marche dans ces écoles est le titre d’expert, terme impropre car pour un chinois expert est supérieur à shifu…Le représentant, le maitre actuel de cette « académie » est son fils Yap Boh Chu.
Mais quoi qu’il en soit le terme de maitre n’est en rien un titre de noblesse, c’est un guide, le fil directeur et une relation d’égal à égal doit s’instaurer entre tout enseignant et élève, un échange d’expérience afin de rester humble dans cette pratique qui a tant apprendre à tous à tout niveau.
Ce qui fait la différence de prix entre un cours à bon marché et un véritable prix de cours qui peut paraître prohibitif à certains, c’est la disponibilité de cette personne qui vous suivra, vous assistera, une fois le cours terminé. A ce sujet je me suis longtemps demandé pourquoi les maitres ou shifu ne donnaient pas tout leur savoir. La raison en est simple, ceux-ci donnent ce qu’ils ont reçu, ensuite vient un travail personnel qui demande beaucoup de temps, de persévérance. Beaucoup d’étudiants reçoivent les cours et n’en font rien, d’autres chercheront à en faire de l’argent en enseignant à leur tour mais n’auront pas le temps de travailler pour eux. C’est ce travail personnel qu’il garde sous le pied et ne donnera qu’à ceux qui se donnent la peine d’aller plus loin comme lui a fait, come l’a fait notre Grand Maitre Yang Yun Song avec son élève préféré Zeng Wen Can.
Quoiqu’il en soit ne vous laissez pas abuser, le maçon se voit au pied du mur, demandez un pré-audit gratuit de votre lieu d’habitation, un bon praticien doit être capable de vous en expliquer l’histoire, s’il ne peut le faire passez votre chemin, ce que vous saurez faire un jour est à l’image de ce que cette personne sait faire.
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